LA TOUR DE PORCHÈRES
Saint Michel l'Observatoire
Sans aucune trace officielle
de son érection, nombre de chercheurs
ont émis des hypothèses sur sa première destination.
Bâtie à même le rocher, avec des murs très épais de 1,30 m elle comporte deux niveaux : le
rez-de-chaussée voûté en berceau brisé (voûte qui
présente la face de son arc -ou intrados- faite d'une courbure en deux
parties se rejoignant au sommet en formant une sorte de pointe) et un étage
identique.
La ’’verrue’’ se trouvant sur la face nord-est, et servant
de sacristie a été ajoutée lors de la transformation de la tour en chapelle. (4 photos ci-dessous)
Aux alentours de l’ouvrage, se trouvait un hameau
spécialisé dans l’élevage de porcs, qui devait être important puisque un grand
nombre d’enclos ont été dénombrés par Pierre Martel, fondateur de l’association
ALPES DE LUMIERES. Ce hameau vivait de
ces élevages, nourris grâce à l’abondance des glands fournis par les chênes,
mais aussi peut-être grâce à l’activité de la carrière de Mane et à la
présence d’une source jaillissant non loin de là.
Entre sa construction et 1550,
on ne sait à peu-près rien de la tour. C’est à cette date que la famille de
Sebastiani en devient propriétaire. Quelques années plus tard, en 1591 une
garnison de défense s'installe lors des luttes de la Ligue (guerres de religion
du début du XVII e S.). La peste, qui
sévit en 1631, ravage le hameau, et la Tour de Porchères sert alors de refuge
aux familles survivantes...
Longtemps après, en 1834, Fortuné de Berluc-Perrussis acquiert cette
Tour de Porchères. Son souhait est de la
transformer en chapelle. Il décède avant de voir la fin de cette
transformation.
Après le décès de son père, en
1854, Léon de Berluc-Perrussis en devient propriétaire et termine les travaux
initiés par celui-ci.
L'autel de la chapelle |
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Statue de Sainte Thérèse de Lisieux |
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La porte d'entrée de la tour et de la chapelle
Elle devient chapelle, le 29
septembre 1861... « M. l'Abbé Terrasson, Chanoine doyen de Forcalquier a
procédé, en vertu de l'autorisation de Mgr. Marie-Julien Meirieu, Evêque de
Digne, à la bénédiction de la Chapelle, par nous fondée dans l'ancien donjon
seigneurial de Porchères... le
nouveau sanctuaire a été dédié à l'Immaculée Conception de la Vierge Marie,
sous le patronage secondaire de Sainte Hélène...Le procès verbal de cette
cérémonie, a été consigné par M. l’Abbé Terrasson en tête d'un registre spécial
où seront successivement consignés tous les faits importants qui s'accompliront
à N. D. Porchères ».
Depuis cette bénédiction, la Chapelle
Tour de Porchères a vécu au rythme des calendriers liturgiques, et des
cérémonies familiales : baptêmes, communions, fiançailles, mariages,
funérailles et messes de mémoire. A noter que l’Abbé Terrasson a reçu le 10
novembre 1858 au Plan-de-Porchères des mains de M. de Berluc-Perrussis une
médaille d’honneur de la Société Française d’Archéologie, qui lui avait été
attribuée en 1857.
Le 2 décembre 1902, Léon de
Berluc-Perrussis décède, et le 4 décembre, ses funérailles sont célébrées à la
Tour de Porchères, où il est enterré à côté de son père Fortuné de Berluc Perrussis:
« la Chapelle était tendue de noir...une foule nombreuse était venue
rendre un dernier hommage à notre cher et regretté défunt »...
L'hommage à Léon de Berluc-Perrussis |
Sa nièce, devient alors
propriétaire de la Tour de Porchères. Les traditions se poursuivent, et en
1941, pour la fête du 15 Août, les vêpres ont été chantées à Porchères:
« ... puis la colonie de vacances de N..D. du Mont et les fidèles du
quartier, sont allés en procession, de la chapelle à la Bonne Chère, puis à l'oratoire
de Ste. Anne. Cette pieuse cérémonie qui réunissait environ 200 personnes fut
pleine de recueillement et de piété... »
Durant la seconde guerre, en
1944, la Tour de Porchères, située non loin d’un point de parachutages, a servi
de cache d'armes à la Résistance.
Plus près de nous, en décembre
2002, on célébrait le centenaire de la mort de Léon de Berluc-Perrussis. A
cette occasion lors d'un rassemblement à la Tour de Porchères, un de ses sonnets,
gravé sur cuivre a été apposé dans la Chapelle, et on rappelait que le
grand Maître Mistral, son
ami, confiait: « Il a mené à mes côtés la barque du Félibrige ».
Tour grange ou tour de garde,
la Tour de Porchères, propriété des descendants de Fortuné de Berluc-Perrussis, a encore bien des secrets savamment enfouis
dans les interstices de ses vénérables pierres.
Passant, arrête-toi, penche
toi vers elle, prête l’oreille, elle t’en chuchotera peut-être un ou deux ...
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Article recomposé sur la base d’un texte, et avec ses
indications, de François CHODZKO.
Décembre 2014
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La Tour de Porchères est
ouverte aux visites durant les journées du patrimoine. Les visites sont
également possibles en dehors de ces journées, il faut en formuler la demande
auprès de l’association des Amis de Saint Michel Lincel pour convenir d’un
rendez-vous
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Ci-dessous le texte (et sa traduction en
Français) du sonnet en guise d’épitaphe
« pour son tombeau
composé par Léon de Berluc-Perrussis, gravé sur cette plaque de cuivre scellée au-dessus de son
tombeau.
PER UN CROS POUR UNE TOMBE
QUE S'ALESTIS DINS UNO CAPELLO DOU QUE L'ON PRÉPARE DANS UNE CHAPELLE RURALE
PROVENÇALE
CAMPESTRE
PROUVENÇAU
Mounde, oublido-me, dins ma sourno bori! Monde oublie-moi dans ma sombre demeure!
Mai
qu'un rai d'estiéu rigue à la paret; Pourvu qu'un rayon d'été sourie sur la
muraille
Qu'un
cant de cigalo, un brama d'aret Qu'un chant de cigale, un bêlement de bélier
Vengon piei bressa moun long dourmitori; Viennent bercer mon long sommeil;
Emai
qu'en passant, li gent de l'endré, Pourvu qu'en passant les gens du village,
De mi
viei parènt lausant lou noum flori, De mes vieux parents louant le nom respecté,
Fâgon: « Eu, pereu, ero bon e
dré, Disent: « Lui aussi était bon et
droit,
E
d'aquel austau gardaren memori »; Et de cette maison nous
garderons mémoire. »
Mai
que quand vendra, de-fes, dins l'escur, Pourvu que parfois, lorsqu'elle viendra sur le soir
Prega
vers mon cros, ma chato, au front pur Prier vers la tombe paternelle, ma fille au front pur
Mescle uno lagremo à l'aigo-signado, (*) Mêle une larme à l'eau bénite. (*)
En
pas t'attendrai, jour d'eterne gau, Je t'attendrai en paix, jour de
joie éternelle
Ounte, emé li reire, emé la meinado, Où avec les aïeux, avec l'enfant
Bastiren damount un noveù fougau. Nous bâtirons un nouveau foyer.
Porchères-en-Forcalquierois. L.B.P.
(*) Hélas! La jeune fille mourut
avant son père.